La pratique artistique est une prodigieuse interface entre soi et le monde. Ou comment, à l’atelier, au travers de l’acte créateur, l’artiste  Nicole Pacozzi  revisite les défis de sa vie en société. Recherchant dans le dialogue avec son support, l’équilibre dynamique entre stabilité et changement. Ces heures d’atelier sont une véritable expérimentation méditative débouchant sur des formes et possibilités nouvelles.

 

Les sculptures de Nicole Pacozzi incarnent la clarté, sans face cachée, sans  zone floue, l’appel à la limpidité. Des lignes pures et tendues, qui mettent en mouvement, avec souplesse, un volume affirmé dans une présence intégrale. L’équilibre dynamique de l’ensemble, repose par défi, sur une base ténue, parfois presque invisible. Une harmonie vraie se dégage des pièces, seules ou en groupe.

 

L’harmonie et la cohérence trouvent leur prolongement dans les dessins, les gravures et les tableaux de l’exposition. Le principe régulateur, mis en œuvre dans la démarche actuelle se propose « d’intégrer plutôt que séparer »

 

Les croquis d’atelier ont inspiré les gestes de la taille du marbre, qui en retour inspire les dessins sur papier de pierre ; formes aux lignes pures et bien définies, emplies de sensibilité par une encre fluide déposée en strates. Les peintures sur format ronds, répondent par la forme ou le contenu aux pierres sculptées. Les gravures  (aquatinta) sont le miroir de l’ensemble. À l’instar d’un écosystème vivant, chaque pièce occupe sa place en interdépendance et cela dès la création, en passant par la réalisation, jusqu’au passage révélateur du partage et de l’exposition au public.         

                                                                                               

« Nicole Pacozzi nous propose des œuvres inspirantes, qui invitent à passer du quotidien à la limpidité. »

 

                                                                                  Patricia Vicarini

 

 

 

« Apprends à écrire tes blessures dans le sable et à graver tes joies dans la pierre », aurait dit Lao Tseu vers 400 avant J.-C. Née en 1964, diplômée de l’Ecole supérieure d’art visuel de Genève en 1989, Nicole Pacozzi croit certainement elle aussi en la mémoire des pierres, surtout s’il s’agit de marbres blancs : elle sait si bien extirper d’une froideur qui n’est qu’apparente leur secrète beauté, révélant leur douceur satinée et leur luminescente pureté. A n’en pas douter, l’âme de l’artiste sierroise a la densité des pierres : objets de méditation, ses sculptures suggèrent un monde intérieur riche d’influences ramenées de voyage au Mexique, en Inde et au Tibet. Culture chamanique et rites bouddhistes s’entremêlent pour faire de la quête spirituelle de Nicole Pacozzi un chemin des ténèbres vers la lumière. Les formes dépouillées qu’elle affectionne s’inspirent souvent du répertoire symbolique (séries « Zen » ou « Latino ») ou l’élément aquatique.

 

Ainsi Orcaella évoque le dauphin blanc nageant dans les eaux douces du Gange ou de l’Irrawaddy. Symbole onirique positif de l’éveil de la conscience et de l’ouverture au monde, incarnation de l’amour, de l’amitié et de la fidélité, le dauphin servait déjà dans la mythologie grecque d’escorte pacifique aux héros et aux dieux. Raphaël n’avait-il pas peint la belle Galatée fuyant le Cyclope Polyphème dans un coquillage tiré par des dauphins ?

Calme, douceur, volupté…

 

 

                                                                Anne-Catherine Fontannaz